Portrait : Sarah Chardonnens, une voyageuse à moto | Blog LNLM

Portrait publié le 1er octobre 2015
Sarah Chardonnens a traversé la Syrie, l’Irak, la Turquie, la Grèce et l’Italie à moto… Elle est généreuse, optimiste et possède un sens de l’humour à toute épreuve. Partons à l’aventure…. Et quelle aventure !
 
Aujourd’hui, un nouveau portrait. On l’a découverte à la radio. Son expérience nous a fasciné quand elle en parlait. On a dévoré son livre.

LNLM : Votre prénom, votre âge et votre provenance ?

Sarah Chardonnens au bord du lac
Sarah Chardonnens : Bonjour à toutes et à tous, je m’appelle Sarah et j’ai 30 ans. Je suis née à la Tour-de-Peilz, sur les rives suisses du lac Léman.

LNLM : Depuis quand roulez-vous à moto ?

Sarah : Je roule à moto depuis octobre 2010. Enfin si vous acceptez d’appeler une 125cm3 une moto ! :-)

LNLM : Votre déclic moto ?

Sarah : En 2010-2011, je me trouvais en Syrie pour mon travail. Au mois d’octobre 2010, j’avais une semaine de vacances devant moi et j’ai décidé d’aller visiter Alep, Deir-ozzor, Al-raqqa et Palmyre. Je suis partie de Damas en transport public et, depuis la fenêtre du bus, je voyais des petites motos qui allaient et venaient allègrement sur le bas-côté.
 
Etant moi-même une ancienne cavalière, je savais la sensation de liberté que procurait une selle et c’est à cet instant que j’ai décidé d’acheter une de ces petites motos. Arrivée à Alep, personne ne voulait m’en vendre une parce que j’étais une femme.
 
Je ne me suis pas découragée et j’ai continué ma route, en bus, jusqu’à Ar-raqqa, au bord de l’Euphrate – qui est devenue actuellement la capitale du pseudo Etat islamique en Irak et au Levant – à l’époque une petite ville tranquille où il faisait bon vivre. C’est là, qu’après six heures de négociation, on a accepté de me vendre ma « première moto » ! Une Part, 125cm3.

LNLM : Avec quelle moto avez-vous commencé à rouler ?

Sarah : Avec cette Part 125cm3 ! Je me rappelle très bien du magasin. Les motos étaient alignées à l’extérieur, des 125cm3 et des 150cm3, rouge flamboyantes, tantôt avec un aigle, tantôt avec un lion sur le pare-boue. Bien qu’ayant mon permis 125cm3, je n’avais jamais conduit de moto auparavant et je ne savais absolument pas comment changer les vitesses.
 
Après plus de six heures de négociation, une cinquantaine de personne m’attendait dans la cour du commissariat de police (dans lequel je m’étais rendue afin de faire les papiers du véhicule). Je me suis approchée de ma moto, les gens filmaient la scène sur leurs portables, voyant que je n’arrivais pas à démarrer ma moto au cric, un policier s’approcha et me la démarra. Je me suis assise, j’ai essayé de passer la première vitesse. J’ai calé ! :-) La deuxième tentative fut la bonne mais j’avais tellement peur de caler de nouveau que j’ai traversé tout le village en première ! La moto faisait un bruit de tracteur apocalyptique !
 
Le lendemain, j’ai appris à changer les vitesses, seule, dans le désert. De Ar-raqqa, je me suis rendue à Deir-ozzor où j’ai entrepris  la traversée des 200km de désert qui relie Deir-ozzor à Palmyre. J’avais mal évalué la distance et la nuit s’est mise à tomber. Il a fait très rapidement sombre et froid lorsque que tout à coup j’ai crevé ! Au milieu du désert, sans aucun moyen de communication, sans aucun matériel pour réparer mon pneu. La suite de l’aventure dans mon petit livre  » Parfum de jasmin dans la nuit syrienne  » :-)

LNLM : Avant de partir au Moyen-Orient, aviez vous déjà voyagé à moto, si oui à quel endroit et seule ou accompagnée ?

Sarah : Non. J’ai commencé à rouler à moto en Syrie.

LNLM : La moto sur laquelle vous roulez actuellement ?

Sarah : La même Part CG 125cm3: En 2011, je suis rentrée depuis la Syrie avec. Un voyage de 6’000 km, en 20 jours, à travers la Syrie, la Turquie, la Grèce, l’Italie et la Suisse.

LNLM : Votre dernier voyage ?

Sarah : Il y a un mois (août 2015) , j’ai refait le voyage en sens inverse ! Avec la même moto – Part CG 125cm3 – à travers la Suisse, l’Italie, la Grèce et la Turquie avant de prendre le bateau à Silifke (Turquie) et de débarquer au Liban. Partie de la Tour-de-Peilz (Suisse) le 10 août, je suis arrivée à Beyrouth (Liban) le 2 septembre 2015.
Ma moto syrienne est actuellement à Beyrouth. Mon but est de retourner, un jour, en Syrie avec.

LNLM : Le pays à découvrir absolument à moto ?

Sarah : La Syrie et le nord de l’Irak ! Entre 2013 et fin 2014, j’ai vécu près deux ans à Erbil, au nord de l’Irak, où je conduisais aussi une 125cm3, les cheveux au vent.
 
Je ne pense pas me tromper en disant que j’étais probablement une des premières femmes – si ce n’est la première femme – à conduire une moto en Irak. Le nord de l’Irak – Kurdistan irakien – est une région montagneuse fantastique. Les paysages syriens sont (étaient ?) à couper le souffle également !

LNLM : Quelles qualités vous semblent nécessaire pour découvrir le monde à moto en tant que femme ?

Sarah : La curiosité et le courage. Mais notez bien que ces deux qualités ne s’appliquent pas uniquement aux femmes ! Un des plus grand obstacle, pour les femmes et les hommes confondus, est de surmonter ses peurs.
 
Prendre la route n’est pas chose difficile. On s’assied sur la selle de sa moto, on fait tourner la clef dans le contact et c’est parti ! Voyager, est facile ! La chose la plus difficile est d’avoir le courage de sortir de chez-soi. « Rester, c’est vivre. Voyager, c’est exister !

LNLM : Vous voyagez seule, quelques peurs parfois ?

Sarah : Pas vraiment car j’ai (le luxe !) d’avoir le temps de mon côté. J’ai le temps. Si je crève un pneu, j’attends au bord de la route. Si je me trompe de route, je rebrousse chemin. Si la nuit tombe plus tôt que prévu, je monte ma tente et dors à côté de ma moto.
Ma seule peur, c’est la même que tous les usagers de la route : me faire renverser. Mais cela, on ne peut pas le prévoir.

LNLM : L’accessoire indispensable pour vous ?

Sarah : Je voyage sans GPS, avec  une paire de tong et un sac à dos ficelé sur mon porte-bagage. L’accessoire indispensable pour ma Part CG serait une jauge pour indiquer le niveau de l’essence, car pour l’instant je fais tout à l’aveugle ! :-) Sinon, je pense qu’un bon casque est indispensable !

LNLM : Quand vous rentrez à la maison, vous posez votre engin ou vous roulez toujours ?

Sarah : Je roule :-)

LNLM : Vous avez traversé des pays en conflits, en grande difficultés. Que rapporte-t-on de tout cela ?

Sarah : En Irak surtout, mes collègues masculins appréhendaient la réaction des automobilistes à mon passage "tu vas te faire harceler et insulter, ils n’ont jamais vu une femme conduire une moto ici !" me disaient-ils.
J’ai vécu un an en Syrie et deux ans en Irak et je ne me suis jamais faite insulter ! Au contraire, je n’ai reçu que des encouragements de la part des femmes et des hommes que j’ai croisés sur la route. Que des pouces levés !
En été 2014, alors que Daech étaiet à 30 km de Erbil, je roulais les cheveux au vent. C’était ma manière de résister à la barbarie. C’était un acte de résistance !

LNLM : Votre motivation pour toujours repartir ?

Sarah : Le sourire des gens que je rencontre sur la route ! 
Pour aller plus loin : http://parfumjasminnuitsyrienne.ch  ou  "Parfum de jasmin dans la nuit syrienne" aux éditions de l’Aire.
 
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Un grand merci à Sarah pour sa gentillesse et sa disponibilité ! 
 
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